Comment c’était avant ?

Comment c’était avant ?

Dominique Chauvelier

Paris, Avenue Foch, dernière ligne droite libératrice du marathon, les concurrents affluent par centaines, les « 4 heures » puis les « 5 heures », symboles de ces fameuses barrières horaire. Des cris de joie explosent mais également des pleurs, des crampes, des accolades, des « Waouh ! Je l’ai fait » tandis que l’animateur que je suis invective les futurs finishers dans la dernière ligne droite d’un « que tous ceux qui terminent leur premier marathon lèvent la main ». Le scénario se répète et le sondage est identique : plus d’un tiers de néophytes lève ainsi le bras alors qu’ils étaient plus de quarante mille concurrents au départ sur les Champs-Elysées quelques heures auparavant ! Mais, dis-donc papa, c’était comment avant ?

Dans les années 60, la mode est au yéyé et non à la course à pied. Le mot jogging n’existait pas, la  plus longue distance autorisée chez les femmes était le …800 mètres sur piste et le meilleur coureur du monde, un éthiopien dénommé Bikila, courait le marathon pieds nus. Mon argent de poche me servait à acheter « le miroir de l’athlétisme» et mes premières chaussures de course étaient en daim marron à la semelle en caoutchouc, les mêmes que portent en street nos ados d’aujourd’hui !

Dans les années 70, courir en ville ne se faisait pas où alors sous le regard dédaigneux des gens et à la remarque cinglante « Il n’a donc rien d’autre à faire celui là », « vas-y  fainéant » ou d’un « Allez Poupou ! » plus honorifique. Seuls quelques spécialistes couraient le cross-country dans les champs l’hiver et sur la piste aux beaux jours mais très peu s’aventuraient sur route. Les shorts étaient des « flottants » en satin, le tee-shirt marcel en coton et les premiers conseils donnés à un débutant étaient « ne court jamais sur la route !»….quitte à se tordre les chevilles sur les bas-côtés !

Vers la fin de cette décennie une rumeur circulait qu’aux Etats-Unis une « mode » était en train de se développer, que des gens se mettaient à courir et qu’une centaine d’entre eux s’était même regroupée dans Central Park pour courir ce qui sera le 1er marathon de New-York. Ils « joggaient » et cela me semblait si loin  des grilles du stade que je devais franchir tel un voleur pour pouvoir courir sur la piste mon chrono à aiguilles bien tenu dans le creux de la main au grand dam du gardien qui vociférait  « C’est interdit de courir sur le stade ! je vais appeler les gendarmes »… début d’une carrière, de ma carrière.

Je suis déjà au top début des années 80 quand cette mode s’exporte chez nous. Mon premier maillot d’équipe de France sera un maillot de corps blanc « éminence» acheté en grande surface par la fédération auquel fut cousu un écusson frappé du coq. Les français se mettent à courir et je suis l’un des meilleurs d’entre eux, le plus jeune en tout cas celui qui intéresse de surcroît  une marque américaine peu connue à l’époque. Celle-ci m’offre généreusement les chaussures à la « virgule » ainsi que … 1000 francs par mois  ce qui représentait un tiers de mon salaire d’employé de banque de l’époque !

C’est le début du marketing via le sponsoring (très anglophone tout cela) puis pour l’anecdote arrivent les premiers collants pour  les mecs à une époque où la mode était au fluo. Fallait oser ! Naissances de toutes nos belles courses d’aujourd’hui, les performances se démocratisent. La course devient populaire. Ensuite depuis les années 2000, les évolutions du matériel, de la diététique, des techniques d’entraînements ont rendu la course ludique et plus facile.

A vous le GPS pour calculer votre vitesse et votre fréquence cardiaque, le gilet porte-gourde pour l’hydratation, les maillots techniques anti-sueur, les manchons et chaussettes anti-courbatures. Ne vous reste plus qu’à courir intelligemment, de bien programmer vos entraînements, vos compétitions (attention aux excès), de savoir  récupérer, bref d’investir dans la durée. La course à pied est un loisir qui doit rester un plaisir … votre corps vous en  remerciera.

Quant au badaud  à la terrasse de café qui contemple la joggeuse trottinant devant lui, il se dit « Courageuse, je ferais bien d’en faire autant ! »… Autre temps, autres mœurs, vous êtes dans la tendance. Souriez, vous êtes pris en photo !

Et toi fiston tu viens courir avec moi  juste pour le PLAISIR de mélanger nos foulées?

Comment c’était avant ?

Dominique Chauvelier

Paris, Avenue Foch, dernière ligne droite libératrice du marathon, les concurrents affluent par centaines, les « 4 heures » puis les « 5 heures », symboles de ces fameuses barrières horaire. Des cris de joie explosent mais également des pleurs, des crampes, des accolades, des « Waouh ! Je l’ai fait » tandis que l’animateur que je suis invective les futurs finishers dans la dernière ligne droite d’un « que tous ceux qui terminent leur premier marathon lèvent la main ». Le scénario se répète et le sondage est identique : plus d’un tiers de néophytes lève ainsi le bras alors qu’ils étaient plus de quarante mille concurrents au départ sur les Champs-Elysées quelques heures auparavant ! Mais, dis-donc papa, c’était comment avant ?

Dans les années 60, la mode est au yéyé et non à la course à pied. Le mot jogging n’existait pas, la  plus longue distance autorisée chez les femmes était le …800 mètres sur piste et le meilleur coureur du monde, un éthiopien dénommé Bikila, courait le marathon pieds nus. Mon argent de poche me servait à acheter « le miroir de l’athlétisme» et mes premières chaussures de course étaient en daim marron à la semelle en caoutchouc, les mêmes que portent en street nos ados d’aujourd’hui !

Dans les années 70, courir en ville ne se faisait pas où alors sous le regard dédaigneux des gens et à la remarque cinglante « Il n’a donc rien d’autre à faire celui là », « vas-y  fainéant » ou d’un « Allez Poupou ! » plus honorifique. Seuls quelques spécialistes couraient le cross-country dans les champs l’hiver et sur la piste aux beaux jours mais très peu s’aventuraient sur route. Les shorts étaient des « flottants » en satin, le tee-shirt marcel en coton et les premiers conseils donnés à un débutant étaient « ne court jamais sur la route !»….quitte à se tordre les chevilles sur les bas-côtés !

Vers la fin de cette décennie une rumeur circulait qu’aux Etats-Unis une « mode » était en train de se développer, que des gens se mettaient à courir et qu’une centaine d’entre eux s’était même regroupée dans Central Park pour courir ce qui sera le 1er marathon de New-York. Ils « joggaient » et cela me semblait si loin  des grilles du stade que je devais franchir tel un voleur pour pouvoir courir sur la piste mon chrono à aiguilles bien tenu dans le creux de la main au grand dam du gardien qui vociférait  « C’est interdit de courir sur le stade ! je vais appeler les gendarmes »… début d’une carrière, de ma carrière.

Je suis déjà au top début des années 80 quand cette mode s’exporte chez nous. Mon premier maillot d’équipe de France sera un maillot de corps blanc « éminence» acheté en grande surface par la fédération auquel fut cousu un écusson frappé du coq. Les français se mettent à courir et je suis l’un des meilleurs d’entre eux, le plus jeune en tout cas celui qui intéresse de surcroît  une marque américaine peu connue à l’époque. Celle-ci m’offre généreusement les chaussures à la « virgule » ainsi que … 1000 francs par mois  ce qui représentait un tiers de mon salaire d’employé de banque de l’époque !

C’est le début du marketing via le sponsoring (très anglophone tout cela) puis pour l’anecdote arrivent les premiers collants pour  les mecs à une époque où la mode était au fluo. Fallait oser ! Naissances de toutes nos belles courses d’aujourd’hui, les performances se démocratisent. La course devient populaire. Ensuite depuis les années 2000, les évolutions du matériel, de la diététique, des techniques d’entraînements ont rendu la course ludique et plus facile.

A vous le GPS pour calculer votre vitesse et votre fréquence cardiaque, le gilet porte-gourde pour l’hydratation, les maillots techniques anti-sueur, les manchons et chaussettes anti-courbatures. Ne vous reste plus qu’à courir intelligemment, de bien programmer vos entraînements, vos compétitions (attention aux excès), de savoir  récupérer, bref d’investir dans la durée. La course à pied est un loisir qui doit rester un plaisir … votre corps vous en  remerciera.

Quant au badaud  à la terrasse de café qui contemple la joggeuse trottinant devant lui, il se dit « Courageuse, je ferais bien d’en faire autant ! »… Autre temps, autres mœurs, vous êtes dans la tendance. Souriez, vous êtes pris en photo !

Et toi fiston tu viens courir avec moi  juste pour le PLAISIR de mélanger nos foulées?